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Expo. Flore et faune inspirent à Fatime Zahra Morjani des œuvres pleines de mélancolie

Expo. Flore et faune inspirent à Fatime Zahra Morjani des œuvres pleines de mélancolie

 

A l’Artorium, s’offre à voir, du 5 mars au 26 avril, un art lumineux élaboré par Fatime Zahra Morjani. Une plasticienne dont la création, tout en délicatesse, reste étrange.

 

Par R.H

 

Mouvant et évolutif, l’art subit maintes métamorphoses au gré des artistes. Mais à quoi bon servira-t-il s’il ne véhicule point de message. L’art de Fatime Zahra Morjani passe comme une lettre à la poste.

«L’artiste sert de véhicule aux inconscients de chacun et perdure en tant que chaman lumineux qui prendrait sur lui toutes nos parts d’ombre pour les transfigurer», affirme Amina Benbouchta.

Aussi, bien qu'elle bouillonne de talent architectural, Fatime Zahra Morjani ne jure que par l’art, auquel elle prête une vertu cardinale : la transparence. «L’art a toujours été là, bien avant ma formation et ma pratique en tant qu’architecte. D’ailleurs, pour moi les deux disciplines ne sont pas totalement déconnectées, puisque comme je le dis souvent, ‘l’artiste est l’architecte de l’imaginaire collectif’», affirme Fatime Zahra Morjani. A la question : «Quel message souhaitez-vous véhiculer à travers votre art?», l’artiste répond : «Tout est possible, rien n’est jamais figé. À tout moment, on peut recommencer, repartir à zéro. J’ai changé de carrière du jour au lendemain pour me consacrer exclusivement à l’art et c’est dans l’art que j’ai puisé l’impulsion vitale pour entreprendre ce changement».

«Rituels». Le titre donne la chair de poule. Cela tombe sous le sens. Mais bien qu’un tel fait puisse sembler paradoxal, le rite est néanmoins omniprésent, au cœur des sociétés. De quel rituel parle-t-on ici ? Celui de la cueillette. Rituel ancestral que la plasticienne accomplit avec enchantement. «Je me suis beaucoup inspirée des rituels que pratiquait ma grand-mère et de mes souvenirs d’enfant», raconte Fatime Zahra Morjani.

Le rituel de Fatime Zahra Morjani se manifeste par un double mouvement. Dans un premier temps, il s’agit de la cueillette, ainsi que de la phase de préparation au cours de laquelle les différentes plantes et autres herbes ou graines sont mises à sécher.

Dans un deuxième mouvement, la toile est poncée pour accueillir les entrailles des végétaux ; l’angle de lumière est choisi afin de poser des aplats de couleur, usant aussi bien de pigments, d’encre, d’huile ou de bombe aérosol. Parfois, des dessins presque imperceptibles viennent s'y glisser. «Je travaille beaucoup à partir de la nature : je l’observe d’abord, puis je cueille, je coupe, je décortique puis je fige fleurs, graines, racines pour donner naissance à des compositions plastiques où les jeux d’ombre et de lumière jouent un rôle de révélateur», explique l’artiste.

La flore et la faune, des matériaux qui évoquent l’éphémère, la décomposition, l’éternel recommencement, Fatime Zahra Morjani ne cesse de les assembler dans des compositions extravagantes de dynamisme. Ces matériaux, l’artiste les agence sur la toile dans un désordre savant et en fait un délice pour l’œil.

Les toiles de Fatime Zahra Morjani affirment leur unicité et imposent par le jeu subtil des ombres et des lumières leur profondeur. Elles invitent le véritable amoureux de l’art à pénétrer l’intimité, au prix d’une longue méditation spéculative. Les graines, les écorces, les dentelles, les plantes ainsi que les matériaux de récupération qu’utilise l’artiste, expriment le lien tourmenté qui unit l’Homme à son environnement.

L’artiste exprime-là par le biais de son art abstractif, souvent d’une invention poétique étrange et d’une grande sûreté plastique, son engagement en faveur des causes écologiques. Chaque composition consiste en une belle symphonie qui chavire, porte, envoûte.

Les toiles de Fatime Zahra Morjani épellent un poème cynique d’un côté, quand tout est mis à menace d’extinction. Pis encore, quand tout est mis à mort. L’artiste nous rappelle le monde des humains qui s’échine à tout rayer. Mais de l’autre, les toiles portent en elles un doux espoir, celui d’une possibilité de renaître. Il en résulte un ensemble jouissif d’œuvres joyeuses, ambiguës, légères, piquantes et complexes.

A travers «Rituels», la taxidermiste du paysage donne à voir un ensemble d’œuvres manifestant par leur signification une possible célébration de la nature. Raison suffisante pour s’inviter à une évasion au cœur d’un art qui porte un regard sensible sur l’environnement. ◆

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